Waldemar Kamer

Mises en scène d'Opéra



Critiques du spectacle

(extraits) --------

Lausanne


LA TRIBUNE DE GENEVE : "à voir absolument"

Sur le plan musical comme visuel, comment ne pas ressortir ébloui de la première lausannoise de La Sonnambula ? Trouvant le livret bourgeois et pantouflard, Waldemar Kamer a opté pour l'image d'un érotisme joyeux. Le décor unique est celui d'une noce se rendant à un bucolique déjeuner sur l'herbe. L'ouvrage perd donc ce qui fait pour nous son kitsch - les montagnes, le moulin, l'auberge - mais qui s'en plaindra ? Car au détriment de la lettre, l'esprit de cette mise en scène est en revanche tout à fait remarquable. Waldemar Kamer apporte à ce Bellini-là quelque chose de frais, d'inventif, de ludique avec le monde des masques, d'onirique à la manière d'un Songe d'une nuit d'été.
Lorsque Amina s'élève dans les airs avec son ange gardien, c'est l'imaginaire qui fait irruption, et c'est ce genre d'image forte qui saisit et qui émerveille le spectateur. Mélange de teintes sépia et de couleurs fortes, les costumes de Cordelia Dvorak sont eux aussi magnifiques, le tout se déroulant dans le cadre d'un sous-bois automnal - le sol est jonché de feuilles mortes - en plein soleil ou au clair de lune. Ici il n'est pas de petit détail. Côté musique non plus. Là il convient peut-être de saluer d'abord  le chef d'orchestre Evelino Pido qui fait sonner magnifiquement tous les registres de l'orchestre de chambre de Lausanne. (...)
Cette Somnambule ne serait pas non plus ce qu'elle est sans la prodigieuse présence de Natalie Dessay. A l'aise dans les vocalises les plus périlleuses comme dans les ornement les plus raffinés, la soprano colorature campe une Amina de grâce et de fragilité naturelle. A voir absolument.

Daniel Robellaz, 4 janvier 1999

OPERA INTERNATIONAL : "élégance crépusculaire"

Loin du petit village suisse où Romani et Bellini ont situé l'action, on nous entraîne ici dans un lieu indéterminé, une île occupée par un bois dans lequel se déroulera la totalité de l'opéra. Les invités de la noce, au lever du rideau, ne sont plus des paysans mais des bourgeois, habillés avec une élégance (superbes costumes de Cordelia Dvorak) vaguement décadente et crépusculaire, la pénombre où baigne le plateau nous éloignant encore davantage des teinte champêtres du livret. De toute évidence, Waldemar Kamer cherche à exalter la mélancolie, le côté presque morbide qui sommeille dans La Sonnambula. (...) Débutant dans Amina, Natalie Dessay fait assaut de virtuosité aussi bien vocale que scénique. Reste qu' Amina a été conçue pour Giuditta Pasta, la confier à une colorature (...) est donc proprement inacceptable. 

Paulo di Felice, février 1999

LE MONDE DE LA MUSIQUE : "un feu d'artifice"

L'Amina de Dessay est un feu d'artifice, sans le moindre problème dans les acrobaties et sans perdre le volume dans le suraigu. Sa Somnambule n'a rien de conventionnel: derrière le sourire simple de la fille de la campagne pointe la coquine. Son Amina est plus intelligente que simplette. A son côté, l'Elvino de Raul Gimenez est un modèle de beau style. La production de Waldemar Kamer innove en plaçant l'action dans une île et dans un cadre champêtre. Qu'importe que le comte doive dormir à la belle étoile et non dans une chambre d'hôtel et que le pont du moulin se transforme en branche d'arbre ! Le cadre bucolique est ravissant et convient, c'est l'essentiel. Evelino Pido dirige avec soin et légèreté.

Georges Gad, mars 1999

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Lisbonne


DIARIO DE NOTICIAS : “une ambiance d’apothéose”

La première de la nouvelle production de La Sonnambula au Sao Carlos a fait revivre les nuits de grand succès et soulevé l’enthousiasme du public qui emplissait la salle. Ce fut un très beau spectacle d’opéra, une ambiance d’apothéose. (…) Nous saluons la réinterprétation du livret, la bouffée d’air frais dans l’actualisation du décor, la trouvaille de ballon pour faire arriver le comte et la surprise de son départ au milieu de la fête et le bon goût des costumes, “un hommage à l’élégance sensuelle de la mode de Paul Poiret au début du siècle”.

Fernando Pires, 9 juin 1999

PUBLICO : "ambiance Songe d’une nuit d’été"

Un très beau spectacle. La mise en scène de Waldemar Kamer explore bien l’ambiguïté de l’œuvre, par son option pour une ambiance Songe d’une nuit d’été, servi par de beaux décors et costumes. Un travail rafraîchissant.

Virgilio Melo, 8 juin 1999

A CAPITAL : "un film de Visconti"

La mise en scène, les décors et costumes signés par Waldemar Kamer, Ezio Frigerio et Cordelia Dvorak, qui ont préféré habiller les villageois comme s’il s’agissait d’aristocrates, comme s’ils étaient sortis d’un roman de Gabriele d’Annunzio ou même prêts à entrer dans un film de Commencini ou Visconti.

Ana Rocha, juin 1999

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Bordeaux


OUEST FRANCE : "les étoiles qui scintillent dans sa voix"

Un village suisse transposé sur les bords d’une île enchantée, un comte qui débarque sur une montgolfière, un charmant dieu Pan qui s’agite là-dessus, un Elvino qui se la joue Werther au début de l’acte II, avec chute de feuilles mortes… Bellini n’avait pas prévu tout cela, lui qui ne rêvait que du beau chant. (…) “Notre” Natalie Dessay est seule là-haut, tout là-haut, au milieu des étoiles qui scintillent dans sa voix et des oiseaux avec qui elle converse. Les trilles de sa cabalette du premier acte sont célestes, ses aigus triomphants dans “Ah, non giunge”. Accompagné par un ONBA qui sait se faire léger comme une plume, son “Ah non credea mirarti” est un modèle de tenue, de beauté de la ligne, d’effusion pudique et de nostalgie éperdue.

Catherine Darfay, 12 juillet 1999

DER NEUE MERKER : "une transposition féerique"

Le jeune metteur en scène allemand Waldemar Kamer propose une transposition très conséquente du village suisse vers une combinaison de Songe d’une nuit d’été et d’un Déjeuner sur herbe. Le décor et les costumes (…) et quelques belle trouvailles de mise en scène : le comte Rodolfo arrive et disparaît dans une montgolfière, le notaire devient un photographe avec un vieux flash au magnésium. Une danseuse comme Pan et deux vielles dames avec un caniche donnent une dimension onirique supplémentaire à l’action. Le tout est éclairé très suggestivement (Pascal Mérat) avec une pleine lune qui travers l’horizon pendant la scène de somnambulisme. Une transposition très réussie et féerique !

Wilhelm Guschlbauer, septembre 1999

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Côme, Crémone et Pavie


CORRIERE DI COMO : “grâce parfaite et élégance française”

Les suggestions et les atmosphères du lac de Côme, qui ont tant fasciné Bellini, ont servi d'inspiration pour la merveilleuse mise en images du spectacle. En parfaite harmonie avec l'idylle sonore du mélodrame de Bellini, la main très renommée du scénographe d'Erba Ezio Frigerio a dessiné un décor avec des grands hêtres et des collines sur le fond, ponctué de taches d'eau qui rappellent le contexte lacustre. Dans cette nature suspendue – où s'intègrent parfaitement les lumières suggestives de Pascal Mérat et les costumes de Franca Scuarciapino – se sont situées les inventions originales de la mise en scène de Waldemar Kamer, jeune Néerlandais, qui a su proposer une Sonnambula légère, de grâce parfaite et d'élégance française, mais également riche en inventions subtiles, plaisantes et drôles.

Tamara Pertusini, 7 décembre 2001

CORRIERE DELLA SERA : “les inventions réussies de la mise en scène”

Le lac brille d'un azur vif dans les brouillards matinaux ; de l'indigo du coucher du soleil au rose de l'aurore, le ciel est une continuelle mutation de couleurs et d'enchantements : La Sonnambula de Bellini est entièrement plongée dans un fluide de douces suggestions romantiques, de lumières merveilleuses, de touches féeriques, comme dans un paysage de Karl-Friedrich Schinkel. C'est le véritable Biedermeier italien. Fort heureusement, le jeune metteur en scène Waldemar Kamer le représente et le respecte sans y rajouter d’allégories sociales ou d'autres métaphores ou symboles.
C'est lui qui brille dans cet opéra, encore plus que la chaleur schubertienne transmise par Maurizio Barbacini (…) et encore davantage que les voix (…). Les effets les plus réussis restent les inventions du metteur en scène qui s'autorise beaucoup de libertés. Par exemple: le comte débarque en montgolfière (…) et change la phrase “come noioso e lungo/ il camin mi sembrò” [comme le chemin me semble long et ennuyeux] en “Come noioso e lungo/ il volo mi sembrò” [comme le vol me semblait long et ennuyeux]. Lisa, qui s'est fait enfiler des bottines très provocantes, sur le lit du comte, avec des mouvements forts sensuels, est par la suite inculpée par Teresa. Au lieu de “Questo vel fu rinvenuto/ nella stanza del Signor !” [ce voile fût trouvé/ dans la chambre de seigneur] nous entendons : “Queste scarpe a tuoi piedi/ son regalo del Signor !” [Ces chaussures à tes pieds/ sont un cadeau du Monsieur]* (…) Entre les mains de Kamer, les lieux de l'opéra deviennent vraiment enchanteurs : l’agile dryade-lutin (…), les tantes noires (…), le notaire (…). Et, histoire de ne pas gâcher la surprise, nous vous disons seulement : à la fin, gardez un œil sur la montgolfière…

Gian Mario Benzing, 8 décembre 2001

*Sur la centaine de critiques parues sur ce spectacle, c’est la seule à mentionner les changements de texte.
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Avignon


LA PROVENCE : "la Sonnambula triomphe"

Encore une représentation qu’il convient de graver dans les annales d’Avignon ! (…) Parmi les voix, celle de Patrizia Ciofi est tout de suite apparue éblouissante. La grande soprano italienne, que l’Opéra d’Avignon avait déjà accueillie pour la Traviata possède toujours un timbre d’une merveilleuse pureté sur toute la tessiture, avec des envolées d’un éclat incomparable. Autre révélation de la soirée, Joseph Calleja, qui s’est indiscutablement imposé dans le personnage d’Elvino. Ce ténor maltais de moins de 25 ans possède une voix capable de passer avec une remarquable aisance de l’implacable véhémence à une douceur insoupçonnée. La mise en scène très intimiste de Waldemar Kamer ne s’est jamais privée du pouvoir d’inventer des essais, tous très réussis.

Claude Taelman, 12 février 2004

LA MARSEILLAISE : "esprit typiquement français"

Cet opéra de Bellini jamais jouée à Avignon a remporté un véritable succès auprès d’un public venu nombreux et souvent fort jeune. (…) L’interprétation fait l’unanimité. C’est le ténor Joseph Calleja qui pousse des aigus rappelant le timbre singulier des castrats. Il campe un Elvino passionnant et sa prestation est longuement applaudie. Patrizia Ciofi révèle une belle voix, souple dans les passages périlleux, capable de nuances fines, ses vocalises n’en finissent pas de nous étonner. Elle est tout à fait merveilleuse. (…) Le metteur en scène Waldemar Kamer situe ce conte en Provence où les couleurs et les lumières éclairent l’œuvre de Bellini d’un pouvoir enchanteur. La  nature est souveraine et garde son mystère. L’intérèt de cette production est d’avoir fait connaître une œuvre souvent oubliée et pourtant si près de nous avec son esprit si typiquement français.

Anne Lacoste, 10 février 2004

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